Alors que des entreprises équivalentes ont été initiées, en France, pour d’autres périodes, un tel outil fait toujours défaut pour la Seconde Guerre mondiale. Mal répertoriés, car non indexés dans les catalogues nationaux jusqu’à la fin des années 1980, parfois édités à compte d’auteur, les témoignages sur la guerre constituent pourtant une source incontournable pour les chercheurs, mais aussi pour le grand public, tant les souvenirs liés à l’Occupation, au régime de Vichy et aux épisodes de la Libération imprègnent encore, de nos jours, la mémoire nationale. Non seulement EGO 1939-1945 permettra d’effectuer des requêtes plus ou moins élaborées (sur tels individu, groupe social, corps d’armée, lieu ou évènement), mais il facilitera aussi la réalisation de travaux universitaires, historiques, littéraires ou sociologiques, sur l’évolution des discours idéologiques, des représentations de soi et des constructions mémorielles.
Le recensement quasi exhaustif des années 1940-1949 a permis d’identifier et de localiser à la Bibliothèque nationale de France et dans différentes bibliothèques spécialisées près de 1 030 témoignages publiés durant cette décennie. Le travail bibliographique et analytique a été entrepris. Il est clos pour les témoignages publiés entre 1940 et 1949. Le recensement des témoignages depuis 1950 est estimé à environ 3 900 documents (rééditions comprises, nombreuses à partir des années 1980). Soit un total de quelque 5.000 volumes, ouvrages, brochures, recueils, parus de 1940 à nos jours. Ce travail de recensement s’étendra jusqu’à l’horizon 2016.
Une production abondante et exceptionnellement
variée
A la différence des témoignages de la Première Guerre
mondiale, qui, pour la plupart, rendent compte d’une communauté
de destins de soldats en guerre, les témoignages sur la France
et les Français durant la Deuxième Guerre mondiale se caractérisent
par la variété des expériences vécues : soldats
captifs en Allemagne ou engagés sur tous les continents, exilés,
résistants, collaborateurs, travailleurs en Allemagne, déportés,
etc.
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Une base de données bibliographique
et un outil de recherche de pointe
L’objectif du projet EGO 1939-1945 est à la fois d’élaborer
une base de données de référence, permettant des
recherches bibliographiques poussées, et de proposer une grille
d’analyse méthodologique facilitant les études scientifiques
sur les témoignages.
A l’horizon 2016, la base répertoriera l’ensemble
des témoignages portant sur la France et les Français
durant la Seconde Guerre mondiale. Un instrument de recherche bibliographique
fiable, facilement accessible et commode d’utilisation sera ainsi
mis gratuitement à la disposition de la communauté scientifique
comme du grand public.
Chaque ouvrage fera l’objet d’une notice qui permettra de
repérer les catégories d’auteur (résistant,
persécuté racial, déporté, etc.), ainsi
que le genre et les thèmes essentiels du récit. Une attention
particulière sera par ailleurs accordée à la première
décennie de publications (1940-1949) qui est la moins bien renseignée
dans les sources bibliographiques existantes, alors même qu’elle
occupe une place fondamentale dans la sociogenèse des représentations
liées aux années de guerre et d’occupation. Pour
cette période 1940-1949, les notices seront considérablement
enrichies : un éventail plus large de mots-clefs, une note biographique
de l’auteur et un résumé pour chaque volume.
De manière générale, le corpus EGO 1939-1945 donnera
la possibilité de mener des études sur l’évolution
des formes de témoignages et de leur réception.
Orientations de recherche
Forte de son expérience dans la constitution de bases de données,
d’une dynamique fédérant une demi-douzaine d’institutions
partenaires et d’un environnement scientifique favorable (la proximité
avec l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine
(IMEC) et le Mémorial de Caen, l’ancrage local de l’Equipex
MATRICE), l’équipe « Seconde Guerre mondiale »
du CRHQ entend favoriser des recherches sur le témoignage publié,
à la fois comme objet éditorial et comme vecteur mémoriel.
Le témoignage comme objet éditorial
La logique éditoriale infère inévitablement sur celles
de la prise de parole et de sa résonance publique. Publier les
souvenirs d’un résistant ou d’un déporté
en 1945 n’a pas le même sens que les éditer en 2005.
Un journal exhumé dans les archives peut avoir un écho dans
l’opinion et un sens pour le chercheur très différents
selon la personnalité du préfacier, l’angle éditorial
choisi, l’actualité et les préoccupations sociales
du moment.
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Le témoignage à la croisée
des reconstructions identitaires et mémorielles
En partenariat avec l’Equipex MATRICE coordonné par Denis
Peschanski, des travaux pourront être consacrés aux liens
entre mémoire individuelle et mémoire sociale.
MATRICE consacre une partie de sa plateforme à l’analyse
quantitative comparée de récits laissés par des témoins
de la Seconde Guerre mondiale et des témoins du 11 septembre 2001,
avec la volonté de dégager des schèmes chez les populations
exposées à un traumatisme fort.
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