Dans son ouvrage de souvenirs Notre après-guerre, Dominique Jamet a dressé avec humour le portrait de ce très riche industriel, d'un âge déjà respectable à la Libération, "décoré comme un sapin de Noël et sapé comme un prince de Galles", qui était le "numéro un européen du landau, de la baleine de parapluie et de la gaine orthopédique." Arrêté pour avoir soutenu la politique de collaboration du maréchal Pétain, finalement libéré en décembre 1944, Morellet décide d'écrire le récit de ses mésaventures, qu'il fait préfacer par Claude Jamet, l'auteur fétiche des réprouvés de l'après-guerre avec Fifi roi, lance un prix littéraire (le "prix André Chénier") et devient le bienfaiteur de nombre d'anciens collaborateurs. "Richissime, débonnaire et généreux, M. Corcellet [Morellet] posait au parfait gentleman. Son infatuation faisait de lui un autre bourgeois gentilhomme. Il rêvait de s'entourer d'une cour. Les parasites se donnèrent le mot et affluèrent. Avoir touché, même de loin, à Vichy et chanté les louanges du brave Corcellet, c'était avoir le gîte et le couvert assurés à longueur d'année. Il faillit bien s'y ruiner", écrit Dominique Jamet, en forçant caustiquement le trait.