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Titre : | Relais des errants |
Publication : | Paris : Desclée de Brouwer, 1945 |
Description matérielle : | 1 vol., 331 p. |
Edition Auteur(s) Genre et cadre du document Résumé et mots-clefs Table des matières Annexes et notes Accès aux documents
Genre littéraire : | Genre multiple |
Période du récit : | 24 décembre 1942 - 1945 |
Période de rédaction : | 1943 - 1945 |
Lieu de rédaction : | [S.l.] |
"Un livre où je voudrais essayer de dire ce qu'a été Drancy pour moi, ce que j'y ai vu et, plus encore, les pensées qui m'y sont venues" (13). Cette ambition est née alors même que Denise Aimé était internée et qu'elle débutait, "dans des conditions difficiles", la rédaction de notes qu'il lui fallait dissimuler à la vue des gardiens. A sa sortie de Drancy, le récit fut rédigé d'une traite "sans aucune prétention littéraire pour la première partie, scientifique ou philosophique pour la seconde" (15). L'ouvrage se décompose en effet en deux parties distinctes l'une de l'autre. Dans la première se mêlent des descriptions de Drancy (l'infirmerie, les bâtiments, la cour), des événements du camp (l'arrivée, la distribution de la nourriture, la visite médicale, la toilette, les corvées) et des "silhouettes" du camp (les internés, les malades, le commandant du camp, le chef du matériel, les médecins, les chefs de service, les artistes) avec, comme fil rouge, Ladzko, l'infirmier d'origine étrangère qui fut son protecteur dès le premier jour de son arrivée. Elle assiste aux préparatifs et aux départs de près de 3000 hommes, femmes et enfants pour Auschwitz les 9, 11 et 13 février 1943. Atteinte de dépression et de diphtérie, elle est transportée à l'hôpital Claude Bernard juste après le départ des trois convois et, deux mois plus tard, elle peut rejoindre les siens. Sur l'insistance de son entourage, elle décide de se cacher et, ayant refusé la proposition de son mari de la doter de faux papiers de peur de lui faire courir des risques, elle décide de simuler des troubles mentaux après que des directeurs d'hospice de sa connaissance lui eurent indiqué que les seuls juifs admis ailleurs qu'à l'hôpital Rothschild étaient les malades mentaux. Après une descente à son domicile de policiers français à qui son état mental fut exposé, elle fut examinée par des psychiatres et, grâce à des complicités et à des connaissances acquises sur les pathologies mentales lors de son séjour à Drancy auprès de Ladzko, elle fut internée à l'asile de Sainte-Anne. De son séjour de quatre mois dans ce lieu qu'elle quitte le 20 août 1944 lors de la libération de Paris, elle ne dit presque rien.
La seconde partie, nettement plus courte, rassemble ses réflexions sur la condition juive. Denise Aimé revient notamment sur le rapport à la religion de sa famille pour laquelle l'affaire Dreyfus, ombre mal définie planant sur son enfance, et servant de "mesure ou de tamis pour tous ceux que l'on approchait" avec une "délimitation tranchante comme un coup de couteau" entre dreyfusards et anti-dreyfusards (202). Son origine juive lui donne très tôt le sentiment d'être différente : avec ses camarades d'école qui, elles, allaient au catéchisme, puis, par la suite, face aux réactions de la droite antiparlementaire et de l'extrême droite, en 1934 lors de l'affaire Stavisky, avec l'arrivée de Léon Blum à la tête du gouvernement français, de par sa situation personnelle - membre de la bourgeoisie et mariée à un catholique - qui l'amène à être confrontée dans ses relations sociales avec les milieux où se développe l'antisémitisme puis, de manière paroxystique, lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle revient ensuite sur la place des juifs dans le monde avant de dénoncer la définition de caractéristiques physiques et morales qui seraient propres aux juifs qui selon elle n'ont qu'un seul trait commun : l'inquiétude. Elle conclut sur la nécessité d'une assimilation d'Israël au catholicisme, réunissant ainsi les deux religions qui, l'une comme l'autre, ont largement influencé son existence. Elle donne en appendice quelques textes de Saint Paul et de Renan qui ont alimenté sa réflexion.
Adeline Lee
Thématique(s) générale(s) : | Internement , Persécution raciale |
Mots-clefs : | Arrestations , Drancy (Seine-Saint-Denis ; camp d'internement) , IIIe République (1870-1940) , Internement (France) , Juifs (internés) , Médecine (soins médicaux) , Paris (France) , Religion (catholicisme) , Vie carcérale , Vie intellectuelle , Vie religieuse |
Première partie. Drancy sous l'étoile jaune (11)
Prière et avertissement (13)
I. La carte de notre vie (13)
II. Le salut du camp (34)
III. L'infirmerie 11-3-2 (48)
IV. Apprentissage du camp (63)
V. Chambre et chambrée (80)
VI. Occupations et distractions (99)
VII. Silhouettes (116)
VIII. Les formes de l'épreuve (132)
IX. Jours de malheur (151
X. Le dernier départ (165)
XI. De l'hôpital à l'hospice (182)
Deuxième partie. La condition juive (197)
I. La différence (199)
II. Race et patrie (217)
III. L'inquiétude (327)
IV. La confusion initiale (250)
V. Les voies possibles (265)
VI. Le chemin parcouru (284)
VII. L'égalité (302)
Lieu(x) d'édition : | Paris |
Éditeur(s) : | Desclée de Brouwer |
Année d'édition : | 1945 |
Lieu d'impression : | Paris |
Imprimeur : | Impr. Curial-Archereau |
Date d'impression (ou dépôt légal ou achevé d'imprimer) : |
1945 |
Note sur les éditions : |
Pour cet ouvrage, Denise Aimé a reçu, en 1945, le prix Montyon destiné "aux auteurs français d'ouvrages les plus utiles aux mœurs, et recommandables par un caractère d'élévation et d'utilité morales". |
Mention d'édition : | 1re éd. |
Édition à titre posthume : | Non |
Traduction : | N'a pas été traduit. |
Langue : | Française |
Documents annexes : |
Dédicace : "A mon mari, à B.F. et à L.P., Aux moniales de Sainte-B. de V., je dédie ce livre qui leur doit tant" Citations : Extrait de Notre jeunesse de Charles Péguy au début de la deuxième partie : "Mais enfin, pensez-y, c'est pas facile d'être Juif. Vous leur faites toujours des reproches contradictoires. Quand leurs riches ne les soutiennent pas, quand leurs riches sont durs, vous dites : C'est pas étonnant, ils sont Juifs. Quand leurs riches les soutiennent, vous dites : C'est pas étonnant, ils sont Juifs. Ils se soutiennent entre eux... Extraits des principales ordonnances promulguées contre les juifs sous l'Occupation allemande (7-9) Appendices : Quelques textes de Saint Paul et de Renan |
Références bibliographiques : |
"Internée à Drancy à la veille de Noël 1942, Denise Aimé y passe deux mois. Elle assiste aux déportations du début de février 1943. Grande bourgeoise, Française depuis des générations, convertie au catholicisme, "conjoint d'aryen", elle propose un livre en deux parties, la première étant son témoignage sur Drancy, la seconde une réflexion sur la condition juive." (Annette Wieviorka, 1992). Témoignage : http://www.dieu-parmi-nous.com/R/aimee-azam.denise.mp3 "Israélite d'origine, convertie au christianisme à la suite de son mariage avec un catholique, l'auteur a été internée vers le [sic] fin de décembre 1942 au camp de Drancy d'où, en février de l'année suivante, elle a été transportée à l'hôpital Claude-Bernard. Rendue à sa famille quelques mois après, elle a dû par la suite chercher refuge, en simulant des troubles mentaux, dans un couvent, puis à l'hôpital Henri Roussel et à Sainte-Anne, dont elle est sortie le 20 août 1944, à la libération de Paris. Des années lourdes d'angoisses et de menaces la première partie de son livre ("Drancy sous l'étoile jaune") narre les douloureux événements à l'aide de notes hâtivement rédigées et publiées sans retouches. C'est une sorte de journal intime où sont consignées, toutes vibrantes encore des impressions ressenties, les observations psychologiques ou morales et les expériences faites par Mme Aimé durant son internement et au cours de sa vie errante et traquée. La deuxième partie offre une suite de méditations sur "la condition juive", confrontation d'Israël et du Catholicisme qui conclut à la nécessité du premier au second, où il trouvera son accomplissement. Quelques textes de saint Paul et de Renan qui ont alimenté les réflexions ou l'argumentation de l'auteur sont donnés en appendice." (Compte-rendu d'Henri-Charles Puech dans la Revue de l'Histoire des religions, n° 131-1-3, 1946, p. 216) |