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Titre : La Sombre route
Publication : Paris : J. Corti, 1947
Description matérielle : 1 vol. , 101 p.
Collection : Rien de commun

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Auteur : Heim, Roger
Années naissance - décès : (1900-1979)


Genre littéraire : Conférence
Période du récit : janvier 1944 - 29 janvier 1947
Période de rédaction : juin 1945 - 29 janvier 1947
Lieu de rédaction : Paris

La Sombre route ne constitue pas le témoignage linéaire de Roger Heim sur son expérience concentrationnaire, mais la réunion de quatre prises de parole publique dont la violente germanophobie constitue le fil rouge. Le texte intitulé Retour a été prononcé lors d'une réception au Muséum d'histoire naturelle organisée le 28 juin 1945, à peine plus d'un mois après son rapatriement en France et son passage à l'hôtel Lutetia. De ce premier texte ressort sa difficulté à témoigner de son expérience propre, et on le trouve le plus souvent dans la position de l'ethnologue qui développe de longs passages sur le "problème de la perversité" (13) du peuple allemand qu'il ne cesse d'interroger à travers de nombreux exemples vécus.
La deuxième conférence, tenue le 27 novembre 1945 à la Sorbonne sur l'invitation de l'Union rationaliste, lui donne l'occasion de développer plus avant la question du "problème allemand" où son expérience sert essentiellement à appuyer la démonstration. Le thème est abandonné dans le troisième texte, lu à Fontainebleau le 23 juin 1946 lors d'une cérémonie à la mémoire du père Jacques de Jésus du Carmel d'Avon. Ce dernier, membre de l'organisation clandestine de Gusen puis de Mauthausen, était décédé le 2 juin 1945 à Linz, avant son rapatriement. Comme tant d'autres (on pense en premier lieu à Jean Cayrol), Roger Heim a été profondément marqué par cette personnalité hors du commun. Le quatrième et dernier texte, le plus court, est nettement postérieur. Il s'agit d'une allocution prononcée le 29 janvier 1947 à la Mutualité lors d'un regroupement organisé par la FNDIRP. Ce dernier texte reprend ses principaux arguments sur le danger allemand qui constitue l'une des inquiétudes majeures des rescapés dans les années d'après-guerre, faisant de l'ouvrage un témoignage orienté sur les camps autant qu'un manifeste politique.

Adeline Lee


Thématique(s) générale(s) : Déportation non raciale
Mots-clefs : Allemagne. Luftwaffe , Allemagne. Wehrmacht , Buchenwald (Allemagne ; camp de concentration) , Chambres à gaz , Compiègne-Royallieu (Oise ; camp d'internement) , Comportement des soldats allemands , Croix-Rouge internationale , Dénazification , Déportés français , Exécutions sommaires , Fédération Nationale des Déportés et Internés Patriotes (FNDIRP) , Forces françaises combattantes (FFC). Réseau du Musée de l'Homme , Gardiens de camp allemands , Germanophobie , Gusen (Autriche ; camp de concentration) , Himmler, Heinrich (1900-1945) , Hitler, Adolf (1889-1945) , Hygiène , Jacques de Jésus (carme ; 1900-1945) , Libération des camps (1945) , Médecine (expériences médicales) , Nazisme , Pertes civiles , Propagande allemande , Quarantaine , Rapatriement (1944-1945) , Relations franco-allemandes , Répression allemande , Travail forcé , Vie concentrationnaire , Vie religieuse

I. Retour (11)
II. Les deux Allemagnes (31)
III. Hommage au père Jacques (71)
IV. Victoire allemande (93)

Lieu(x) d'édition : Paris
Éditeur(s) : J. Corti
Année d'édition : 1947
Lieu d'impression : 75-Paris
Imprimeur : Impr. Union
Date d'impression
(ou dépôt légal ou achevé d'imprimer) :
[S.d.]
Note sur les éditions :

Il est précisé en préambule que "l'auteur et l'éditeur, pour des raisons particulières, entendent ne tirer aucun profit personnel de la présente édition. Les bénéfices éventuels, après examen des comptes effectué en commun, seront, dans leur totalité, distribués à des orphelins ou des veuves de déportés politiques."

Mention d'édition : 1re éd.
Édition à titre posthume : Non
Traduction : N'a pas été traduit.
Langue : Française
Documents annexes :

Citation :
"Ne vous y trompez pas. Si nous étions battus, dans la nuit même qui suivrait la signature de l'Armistice, nous ne songerions qu'à préparer la guerre suivante." Déclaration du général allemand Haushofer à un journaliste américain, en 1941.

Dédicace :
"A la mémoire de mes amis Roland Gauthier... [suit une longue liste de camarades morts en déportation ou fusillés]".

Références bibliographiques :

"Recueil de quatre conférences prononcées par Roger Heim, membre de l'Institut. La première le 28 juin 1945 au Muséum d'Histoire naturelle avec Mlle Oddon, bibliothécaire au musée de l'Homme, la seconde le 27 novembre 1945 à la Sorbonne, sur invitation de l'Union rationaliste, la troisième le 23 juin 1946 lors de la cérémonie à la mémoire du RP Jacques de Jésus (Lucien Bunel) du carmel d'Avon à Fontainebleau, la dernière enfin le 29 janvier 1947 à la Mutualité lors d'une manifestation organisée par la FNDIRP. Roger Heim, déporté de la Résistance, d'abord à Buchenwald puis à Mauthausen et dans le Kommando de Gusen, parle de ces derniers camps comme de camps d'extermination. Il évoque notamment les gazages à Gusen en mars 1945. Il se qualifie d'ailleurs à plusieurs reprises de "Untermensch". Il évoque aussi la communauté formée de ceux de la Résistance (210 000 déportés résistants ! dit-il): "[ ... ] à Auschwitz, à Mauthausen, à Gusen, à Ebensee, il n'y avait pas des communistes, des socialistes, des catholiques, des protestants, il y avait les hommes de la France combattante" (33). On remarquera que dans son énumération, il oublie les Juifs pourtant nombreux à Mauthausen. Dans ce court ouvrage, il évoque les Juifs à deux reprises, la première alors qu'il parle de Himmler se faisant expliquer comment on précipitait les Juifs du haut de la carrière de Mauthausen, ou mieux, comment on les obligeait sous peine de mort à "tenter leur chance en se battant deux à deux sur la crête jusqu'à ce que l'un d'eux précipitât son camarade dans le vide" (p. 55). Et page 62 il explique l'antisémitisme nazi : "le nazisme s'est insurgé contre les Juifs quand il a senti qu'une opposition pourrait naître de ce côté. Mais nous savons bien, par les déclarations mêmes des chefs nazis, que l'antisémitisme n'était pas inscrit obligatoirement au programme allemand. Le nazisme était antisémite dans la mesure où il sentait de ce côté un danger contre sa voracité et son désir de domination. Il est devenu antisémite aussi quand son instinct de rapine a vu tout ce que la fortune juive pouvait lui rapporter. [ ... ] Il a vu dans l'antisémitisme une vieille formule qu'il pouvait habiller avec adresse, surtout dans les régions d'Europe centrale où les nations et les religions n'ont pas atteint tout leur équilibre. Alors, il a actionné le déclic de cette formule périmée. Il l'a suivie jusqu'au bout, parce qu'il a compté que son exploitation lui rapporterait plus qu'elle ne lui coûterait et parce qu'il est incapable de renoncer à l'erreur quand il en a suivi le chemin. Et pour cela, il a tué six ou huit millions d'êtres en plus". Heim évoque le père Jacques et le collège d'Avon, mais ne mentionne pas qu'il servit d'abri pour des enfants juifs, épisode que raconte Louis Malle dans "Au revoir les enfants". L'évolution de la représentation de l'action de ce résistant montre bien comment les problématiques se sont déplacées en quarante ans. L'auteur manifeste un violent antigermanisme qui est le fil conducteur de ses conférences. Un exemple: "Dans germanisme, il y a germe. Germe éternel de complot, de guerre, de haine et de massacre" (30). Sa dernière conférence est pessimiste : dénazification sommaire, renaissance possible de l'Allemagne éternelle qu'il discerne jusque dans les propos du dirigeant social démocrate, ancien déporté, Carl Schumacher. Il colle ainsi à la pensée de la FNDIRP." (Wieviorka, 1992).