Accusé de collaboration et acquitté par la Chambre civique d'Angers lors de son procès en mars 1946, le maire de Cholet (Maine-et-Loire), Alphonse Darmaillacq, prend la plume pour narrer sa vie de maire sous l'Occupation. S'il ne revendique nul rôle dans la Résistance, il entend cependant démontrer l'extrême difficulté de devoir sans cesse négocier avec la Feldkommandatur. Dès juin 1940, alors que l'armistice n'est pas encore signé, il s'attache à cacher des prisonniers pour les faire évader. Plus tard, entouré de Choletais, il essaie autant que possible de soustraire aux appétits allemands des stocks d'essence, des bêtes égarées et des produits alimentaires.
Il justifie l'établissement des listes de recensement pour le STO en expliquant que "le maire était un simple fonctionnaire sans aucune liberté d'action et qui, comme tous les fonctionnaires en service sous le Gouvernement de Vichy, recevait des ordres à exécuter" (44). Il n'a de cesse pourtant d'intervenir dans divers domaines afin de protéger les habitants de sa commune, portant diverses réclamations auprès de la puissante occupante, le plus souvent sans succès : "nous ne pouvions rien, si ce n'est atténuer la dureté des mesures" (63). Le récit se termine sur la libération de Cholet où le maire, soucieux de préserver l'union nationale, s'abstient "d'apporter des documents qui auraient pu mettre des Choletais en bien mauvaise posture" (69).
Françoise Passera