Bertrand de Vogüé livre son expérience de la déportation à travers plusieurs planches de bandes dessinées à vocation humoristique. Adjoint au maire de Reims, arrêté le 15 juin 1944 avec le maire Henri Noirot et neuf autres adjoints, l'auteur évoque dans un premier temps la captivité à Compiègne, où il se trouve dans des baraques du Camp C avec d’autres notables, militaires, préfets, industriels, élus, etc. Ce passage dans les baraques du Camp C est d’ailleurs à l’origine de l’appellation de ce groupe particulier de déportés ("Ducancé" pour "du camp C"). Evoquant leurs différentes activités dans ce camp, il fait également part des rumeurs qui circulent à Compiègne sur leur destinée.
Bertrand de Vogüé dessine ensuite son arrivée à Neuengamme, de la descente du train aux conditions matérielles de détention en passant par la période de quarantaine et l’épisode de la tonte, avant d'évoquer les activités des "Ducancé" dans leurs deux baraques spéciales qui sont d’anciennes écuries. Non astreints au travail, les captifs ont le loisir d’organiser des conférences pour les uns et les autres. L'auteur est d’ailleurs affublé du titre de "recteur de l’Université de Neuengamme". A la fin de l’ouvrage sont répertoriées toutes les conférences qui ont été données avec le nom des intervenants ainsi que les activités de la petite troupe de théâtre, de la chorale (baptisée "la Nouvelle Gamme" !), et des autres activités menées. Bertrand de Vogüé rapporte aussi les difficultés de la vie en communauté ainsi que le manque de nourriture dont ces codétenus et lui souffrent. Le 12 avril 1945, les "Ducancé" sont évacués par la Croix-Rouge vers la forteresse de Terezin puis vers Brézany, au nord de Prague. C’est là qu’ils sont libérés le 8 mai 1945. Le document est clos par un calendrier précis des aventures des "Ducancé", de l’arrivée du premier contingent à Neuengamme le 18 juillet 1944 jusqu’au retour en France par l'hôtel Lutétia le 18 mai 1945.

Luc Benoit

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