G. Bichet est d’abord prisonnier de guerre au Stalag XII B de Frankenthal jusqu’à ce que celui-ci soit dissous et les prisonniers transférés vers le Stalag XII F de Forbach, en Moselle annexée. Dès les premières pages du récit, il précise que ce Stalag est un camp disciplinaire dans lequel fourmillent les histoires d’évasions, puisque y sont enfermés des hommes qui ont tenté de s’échapper. Bichet raconte l’épopée de trois de ces hommes : Janvier (un journaliste), Talamy (un cheminot) et Féron (un mineur). "Ce livre, affirme-t-il, est un récit vrai. Tous les personnages sans exception ont existé. Les anecdotes furent vécues. C'est l'histoire d'une évasion, parmi tant d'autres ; une contribution à la grande épopée qui reste à écrire... " (1). L’histoire débute au camp de Forbach où Janvier est détenu. Très tôt, celui-ci réfléchit à une évasion qu’il espère réaliser d'ici quelques mois. Les premiers chapitres sont consacrés à la description de la vie dans le camp : organisation de la baraque, attente du courrier et des colis, espoir d’une libération prochaine, ambiance générale, discussions sur la politique nationale et internationale, ou encore l’état d’esprit des prisonniers. La description des Kommandos de travail occupe aussi une place importante. Janvier part travailler dans un Kommando près de Kindsbach où il fait la connaissance de Talamy et de Féron. Tout au long de ces premiers chapitres, l’auteur décrit également les préparatifs de l’évasion : le creusement du tunnel, les cartes, les vivres, les médicaments, etc. Après quinze mois de captivité, les trois hommes sont prêts à quitter le camp. La deuxième partie de l'ouvrage retrace leur cavale à travers l’Alsace et la Moselle. Les fugitifs surmontent de nombreuses difficultés : le froid, la faim, la fatigue, la lassitude, la peur d’être repris. Après douze jours de marche, ils reçoivent l’aide d’un civil français qui les emmène en voiture à proximité de Metz où un curé leur permet de poursuivre leur route. Le récit s’achève sur l’arrestation de Janvier et de Féron par les Allemands (à la suite d'une imprudence), sans que l’on sache ce qu’il advient de Talamy.
En dépit de son intérêt documentaire, ce récit est à prendre avec précaution, l'auteur n'affirmant jamais clairement être l’un des protagonistes.
Françoise Passera