Gilbert Martin, traducteur-interprète auprès de la mairie de Gérardmer (Vosges) durant la guerre, propose une chronique de sa commune entre 1939 et 1944. Investie par les Allemands le 22 juin 1940, la cité connaît une période assez paisible de près de quatre années, au cours de laquelle se succèdent différents commandants de l'armée d'occupation à l’autorité plus ou moins affirmée. La population et les activités locales semblent s’accommoder de cette situation, même si l’auteur relate l'entrée d'individus en clandestinité et quelques actes sporadiques de résistance.
En août 1944, à l’approche des forces alliées, la tension monte, accentuée par le passage de troupes allemandes en pleine débâcle ou de collaborateurs en fuite. Sur place, les Allemands entreprennent alors une série de réquisitions destinées à préparer leur repli outre-Rhin et à assurer l’approvisionnement de leurs troupes. Ces mesures s’effectuent au détriment du ravitaillement des civils. Par ailleurs, la population masculine de Gérardmer est réquisitionnée pour édifier des fortifications destinées à stopper la progression des Alliés. Les refus d'obtempérer se multiplient parmi ces requis, aggravant au quotidien les mesures de contrôle des habitants. En tant qu’édile municipal, l’auteur tente d’atténuer la pression allemande et obtient quelques succès, comme le dédommagement par l’occupant du prix de nombreuses réquisitions.
Les bombardements alliés devenant de plus en plus fréquents, les enfants commencent à être évacués. Au début de novembre 1944, la défaite apparaissant inéluctable, les Allemands se livrent  à des pillages et décident surtout de détruire une partie de la ville pour éviter de laisser à leurs ennemis une base solide de cantonnement. Profitant d’une certaine humanité du commandant allemand "contraint d’exécuter des ordres supérieurs" (95, 103), l’auteur parvient à négocier la réduction du périmètre promis à la destruction, le reste de la ville restant occupée par la population, dont l’évacuation est devenue impossible à cause de la neige commençant à tomber en abondance. Les incendies et dynamitages débutent les 16 et 17 novembre, deux jours avant la libération de Gérardmer par des soldats français.

Bertrand Lécureur

Avertissement aux lecteurs, avant-propos (1)
Partie I : La chute de Gérardmer (22 juin 1940). Période calme de l'occupation (jusqu'en novembre 1943) (6)
Partie II : Le débarquement allié. Quelques mesures de sécurité. Le débarquement et ses répercussions à Gérardmer. La débâcle allemande stoppée (12)
Partie III : L'isolement de Gérardmer (23)
Partie IV : La période tragique. Déportation des hommes. Evacuations successives, Destruction de Gérardmer (87)
Partie V : La Libération (122)